Une épopée culturelle autour de la Méditerranée

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lundi 27 juin 2011

Nomadismes et création musicale

Jean-Leon Gerome (1824-1904) Pelt Merchant of Cairo,Oil on canvas, 1869; 50 x 61.5 cm

Le motif thématique (ou clin d’œil, intertexte, citation, etc.) nait en musique au travers des musiques et des cultures nomades. Il me semble naturel de concevoir que l’idée de changement, fut-il dans une phrase musicale, s’accompagne de l’idée de mouvement, et donc de voyages et d’ailleurs.
Les cultures et traditions arabo-islamiques, orales, musicales, poétiques laissaient jadis une grande place à l’improvisation. Que ce soient les conteurs ou les musiciens de rues, les traditions des troubadours débutèrent en France dans les régions méridionales et a fortiori celle du Sud ; ce qui laisse présager à tous le moins une mosaïque culturelle issue
 d’un melange composite : lieu de rencontre entre deux cultures jusqu’alors complétement imperméable l’une à l’autre. Genre : la thèse du choc culturel qui dure un millénaire et demi! Voilà ce que l’on peut appeler un ragôt intellectuel, inconsitant, irrésonné, abscons.
Supposons un instant qu’il n’y ait au contraire jamais eu de choc culturel mais bel et bien une longue période, tragiquement interrompue parfois, d’échanges généreux entre des cultures voisines et, par nécessité, amicales.
Et toutes ces tribus nomades arabes ou berbères, tziganes ou juives, ces trouvères et troubadours, conteurs égarés ou inlassables voyageurs, qui semaient ici ou là un vent d’improvisation, un air d’ailleurs, une fascinante bigrerie mélodique, un conte merveilleux, une histoire incongrue… Et comme partout ailleurs, là encore, les meilleurs choses venaient d’ailleurs.
Un soir nous écoutions tous le conteur maure et ce faisant, pendu à ses de ses lèvres, nous projettions du sens imaginé par nous-même sur la partition du charabia rythmé qu’il nous imposait. Nous comprenions inconsciemment que l'essence du récit demeure dans ses articulations, dans son rythme.
Car le conte est un rythme, le reste est de l’imaginaire. Il n’est un secret pour personne, j’estime, que le conte se prolonge dans le rêve. Tous ceux qui auraient eu la chance d’entendre mon père nous improviser un des merveilleux épisodes des Milles et une nuit eussent tôt fait de comprendre que cette tradition libertaire existe encore de nos jours et explique tout à elle seule.
Certaines* théories modernes sur l’interprétation musicale durant la période classique relativisent la synchronie des instruments dans l'interprétation des œuvres de cette époque.